27.3.11

Rupture d'anévrisme : prévenir et soigner

L'anévrisme cérébral est une petite poche qui se forme sur une artère du cerveau. "C'est un peu comme une hernie sur une chambre à air", explique le Professeur Emmanuel Houdart, neuroradiologue à l'hôpital Lariboisière à Paris.


Cet anévrisme se développe avec le temps. La poche, au départ minuscule, grandit. En s'étirant, l'artère devient fatalement plus fine à l'endroit de l'anévrisme et, par conséquent, plus fragile. C'est pourquoi il arrive que cette petite poche, pleine de sang, se fissure. C'est rarement le cas si elle mesure moins de 7 mm, plus fréquent au-dessus de 10 mm.

Diabète et hypertension

"L'origine de l'anévrisme est mal connue, souligne le Professeur Jacques Moret, chef du service de neuroradiologie à la Fondation Rothschild. Tout ce que l'on sait, c'est qu'ils découlent parfois d'une anomalie congénitale qui se développe en anévrisme au fil du temps. Dans d'autres cas, ils sont acquis : une pathologie telle que l'hypertension ou le diabète a provoqué une fragilisation de la paroi des artères, favorisant ainsi l'apparition d'un anévrisme. Chez les enfants (pour lesquels la rupture d'anévrisme est extrêmement rare) et les jeunes adultes, on estime qu'il s'agit le plus souvent d'une anomalie congénitale. Sans que l'on puisse toutefois l'affirmer, rien ne permettant de faire la différence entre les deux."

D'après les statistiques "2% à 3% de la population serait porteuse d'un anévrisme, sans pour autant le savoir", explique le Pr Moret. Mais la prévalence de cette pathologie augmente avec l'âge et il est impossible de donner un chiffre précis : la plupart des patients ne s'aperçoivent de leur maladie qu'au moment de la rupture, qui n'intervient que dans un petit nombre de cas. D'autres peuvent être diagnostiqués à la faveur d'une IRM ou d'un scanner, mais si l'on n'a pas subi ce genre d'examen, on peut être porteur d'un anévrisme et l'ignorer toute sa vie. "En effet, dans l'immense majorité des cas, l'anévrisme non rompu est asymptomatique", ajoute le Pr Houdart. Quant à la rupture, elle concerne "chaque année, environ 5 000 personnes par an en France", rapporte Jacques Moret.

Tabac et hypertension comme facteurs de risque ?


Et si on pouvait éviter l'anévrisme ? L'idée est tentante mais, malheureusement, on ne connaît pas encore les causes de son apparition chez certains patients. "Il s'agit dans l'immense majorité des cas d'une malformation congénitale, explique le Pr Houdart. Ce n'est pas "génétique" mais la malformation est souvent présente dès la naissance, sans qu'on sache expliquer pourquoi." Dans d'autres cas beaucoup plus rares, il peut apparaître après un traumatisme mais, là encore, impossible de décrire précisément comment et pourquoi.

En revanche, on a identifié deux facteurs favorisant le développement des anévrismes :

Le tabac joue un rôle à peu près certain, même si on ne sait pas encore décrire précisément ses effets. "Les produits contenus dans le tabac et inhalés provoquent une oxydation des parois des artères. Cette oxydation provoque une inflammation et donc une fragilisation des parois. D'où un terrain plus favorable au développement de la déformation." Il semblerait que le fait de fumer puisse également favoriser la rupture de cet anévrisme, mais c'est très compliqué à déterminer. "Ce qui est sûr, c'est que les médecins disent à leurs patients rescapés qu'ils doivent impérativement arrêter de fumer." Le tabac favorise notamment grandement l'apparition d'athérome (dépôts lipidiques qui forment des plaques blanchâtres sur les parois internes des artères), qui pourrait aussi avoir un rôle néfaste en matière d'anévrismes.

L'hypertension semble également augmenter le risque de rupture. "La paroi de l'anévrisme est fine. Plus les à-coups provoqués par le passage du sang sont forts, plus ils sont susceptibles de provoquer une fissure", détaille Emmanuel Houdart. C'est pourquoi les ruptures interviennent parfois alors que le patient effectuait une activité qui exigeait l'augmentation de la pression artérielle : exercice physique intense, orgasme, etc.

Attention, le neuroradiologue insiste sur le fait que "ces deux facteurs n'augmentent que faiblement la probabilité d'une rupture d'anévrisme. Un non-fumeur non-hypertendu ne doit pas avoir l'impression que ce souci ne le concerne pas".

Les spécialistes évoquent d'autres éventuels facteurs de risques, sans que rien n'ait encore pu être prouvé. Ainsi, les contraceptifs oraux ou la consommation excessive d'alcool pourraient influencer le développement des anévrismes.


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