Si aujourd'hui en France, on ne peut pas forcément dire que la transplantation cardiaque est courante, c'est du moins une technique maîtrisée.
On aime avec son cœur, on déteste avec son cœur mais surtout on vit avec son cœur. Non dénué de symboles, le cœur, et a fortiori la greffe cardiaque, véhiculent nombre d'idées reçues. Pourtant la définition donnée par le dictionnaire Larousse est claire : chez les êtres animés, organe doué de pulsations qui est le moteur principal de la circulation du sang. Il s'agit donc bel et bien d'un organe et de rien d'autre. "Certains de nos patients à qui l'on annonce l'imminence d'une greffe réagissent comme s'ils allaient voler quelque chose", remarque le Docteur Catherine Nafeh-Bizet, spécialiste de la transplantation cardiaque à Rouen (76). Mais si la symbolique est forte, il n'en reste pas moins que la transplantation cardiaque est souvent le dernier recours face à une urgence vitale.
Une technique maîtrisée
Plusieurs maladies peuvent nécessiter de recourir à une greffe cardiaque, une fois que les autres solutions thérapeutiques ont été épuisées : les cardiomyopathies sont parmi les indications les plus fréquentes. Ce qui ne veut pas systématiquement dire qu'à l'annonce d'un tel diagnostic, il soit obligatoire d'envisager une greffe.
Par ailleurs, les patients sont de tout âge puisque des enfants aussi peuvent être transplantés. Si l'âge limite est théoriquement fixé à 65 ans, l'âge physiologique, défini par l'état réel des organes, peut inciter le corps médical à transplanter des personnes plus âgées."Aujourd'hui, environ 300 greffes cardiaques sont réalisées par an en France. Dès lors qu'un patient est sous assistance cardiaque, nous savons que nous allons vers la transplantation, reprend Catherine Nafeh-Bizet. Avant d'ajouter "la technique est bien maîtrisée".
Une période d'attente
Le parcours d'un patient en attente de greffe cardiaque est bien rôdé. Tout d'abord, des contre-indications potentielles sont recherchées et un bilan complet de l'état du malade est dressé afin d'optimiser au mieux la prise en charge. Puis, le receveur est inscrit sur une liste d'attente, le temps de trouver un donneur compatible. Pendant cette période et suivant les régions, le patient continue à être suivi soit par son médecin traitant soit par le centre de transplantation, soit alternativement par les deux. "Au début de l'inscription sur la liste, certains de nos patients appellent fréquemment au cas où nous les aurions appelés, note le Docteur Nafeh-Bizet. Puis la vie reprend ses droits"
"Je me souviens d'une dame qui était toute surprise lorsque nous l'avons appelé pour sa transplantation cardiaque car elle était en plein dans ses préparatifs d'anniversaire de mariage."
Des examens nécessaires
Le receveur potentiel, qui a été sélectionné en fonction de critères précis - données morphologiques, état d'avancement de la maladie et retentissement sur les organes périphériques, état général du patient, antériorité sur la liste d'attente, etc. - se rend dans son centre de transplantation où sont réalisés quelques examens succincts. Puis il est préparé à descendre au bloc opératoire. Toutefois, il faut savoir que l'intervention peut être annulée si le cœur du donneur ne convient finalement pas : "En raison de la durée de vie du cœur, nous appelons nos patients avant d'avoir l'organe et parfois, nous ne savons qu'à la dernière minute, que cela ne pourra pas se faire", explique Catherine Nafeh-Bizet. De même, ce sont parfois, deux receveurs potentiels qui sont appelés pour un même cœur et le choix se fait au dernier moment par l'équipe médicale. Ce qui ne veut absolument pas dire que le patient restant non transplanté ne le sera jamais.
Une hospitalisation sous contrôle
Une fois que le cœur est là, l'intervention dure en moyenne six à sept heures mais peut se prolonger, ce qui là encore n'hypothèque absolument pas les chances de réussite. Il s'ensuit une hospitalisation d'un mois en moyenne mais qui peut être plus longue avec quinze jours incompressibles où le nouveau transplanté est placé en chambre stérile et mis sous traitement immunosuppresseur. Toutes les précautions sont alors prises pour qu'aucune infection ne se propage et les visites sont sélectionnées voire interdites. Pendant cette période, des biopsies sont réalisées à intervalles réguliers afin de vérifier qu'il n'y a pas de rejet. "Et même si c'est le cas, cela ne préjuge pas de la suite, rassure le Docteur Nafeh-Bizet. On module le traitement immunosuppresseur et on regarde comment cela se passe en prolongeant la durée d'hospitalisation s'il le faut."
Un suivi régulier
Reste que ce n'est pas forcément une période facile pour le malade qui vit dans l'angoisse des résultats de sa biopsie et doit aussi s'adapter à son nouveau cœur. Une période où le soutien des proches voire celui d'un psychologue peut s'avérer nécessaire.
A la sortie de l'hôpital, le patient transplanté cardiaque n'est pas lâché dans la nature et doit se rendre à des consultations régulièrement. Les trois premiers mois, une biopsie est réalisée tous les quinze jours, puis les trois à six mois suivants, de façon mensuelle. Entre six mois et un an après la transplantation, une biopsie est réalisée tous les deux mois en alternance avec une échographie tous les deux mois également. Après la première année, la visite de contrôle peut être semestrielle ou annuelle.
Certes, tout cela peut paraître parfois lourd mais comme le dit Guy S., transplanté cardiaque depuis 18 ans : "Je n'espérais pas voir grandir mes filles et finalement je suis papy quatre fois, c'est merveilleux.".
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